Limitation de l’alcool dans les boissons sucrées

« Ça frappe fort et c’est ce qu’on voulait »

Le père d’Athena Gervais, cette adolescente morte en février 2018 après avoir vraisemblablement consommé une boisson sucrée et fortement alcoolisée, est satisfait de la proposition de Santé Canada, qui a annoncé hier vouloir limiter les concentrations d’alcool dans ces produits.

Santé Canada a présenté, hier après-midi, une proposition visant à modifier le Règlement sur les aliments et drogues afin de « réduire la quantité d’alcool dans les contenants à portion unique de boisson purifiée aromatisée ayant une forte teneur en alcool ».

Actuellement, ces boissons sucrées peuvent contenir jusqu’à quatre fois plus d’alcool par portion qu’une boisson alcoolisée standard, comme une bière. Le tout « sans pourtant goûter l’alcool, car la base d’alcool est purifiée, aromatisée et souvent très sucrée », a écrit Santé Canada dans un communiqué.

Des produits potentiellement dangereux

Les dangers des boissons sucrées et alcoolisées sont nombreux. Leur surconsommation, accidentelle ou non, peut entraîner une intoxication alcoolique aiguë ou même la mort, rappelle Santé Canada. « Ces produits ont été mis en cause dans des hospitalisations et un décès au cours de la dernière année », écrit Santé Canada.

En décembre 2017, le Québécois Pierre Parent, 30 ans, est mort après avoir consommé en quelques heures un mélange de quatre canettes de boisson sucrée alcoolisée Four Loko (11,9 % d’alcool), une boisson Smirnoff (4,8 % d’alcool) et des Tylenol. Un décès qui a incité Santé Canada à agir.

Au Québec, la jeune Athena Gervais, 14 ans, a été retrouvée morte en février 2018 dans un ruisseau derrière son école.

Le rapport du coroner entourant les circonstances exactes de ce décès est toujours attendu. Mais selon ses amis, le jour de sa disparition, Athena aurait bu une canette de FCKD UP, une boisson sucrée et fortement alcoolisée (11,9 %) aujourd’hui retirée des tablettes.

Changements proposés

Les changements réglementaires proposés par Santé Canada visent à restreindre la teneur en alcool des boissons sucrées et alcoolisées « à celle d’une consommation ordinaire et demie (25,6 ml d’alcool) lorsqu’elles sont emballées dans des contenants de 1000 ml ou moins, que ceux-ci soient refermables ou non ».

Limites proposées pour les boissons alcoolisées purifiées et aromatisées 

7,2 % d’alc./vol.

si elles sont vendues dans des contenants de 355 ml

5,4 % d’alc./vol.

si elles sont vendues dans des contenants de 473 ml

4,5 % d’alc./vol.

si elles sont vendues dans des contenants de 568 ml

3,6 % d’alc./vol.

si elles sont vendues dans des contenants de 710 ml

Ces limites sont déjà appliquées sur des produits comme la bière et le cidre. Les boissons vendues dans des contenants en verre d’un volume de 750 ml ou plus ne sont pas visées par la réglementation, car elles contiennent généralement plus d’une portion.

Santé Canada invite la population à se prononcer sur ce projet de règlement du 22 décembre au 5 février.

Pour Alain Gervais, si la proposition de Santé Canada est adoptée, il s’agirait d’un « pas de géant ».

« Ça frappe fort et c’est ce qu’on voulait. Ça viendrait régler le problème des gros formats. Le combat n’est pas encore gagné. Mais je vois les rounds avancer et je suis optimiste », dit-il.

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